Il y a de cela quelques années, le soir quand je rentrais chez moi, je voyais bien qu’un animal s’éclipsait furtivement dans la pénombre. Pendant de nombreux jours, j’ai pensé que c’était une fouine ! Mais un beau jour, j’ai pu identifier que ce que je prenais pour une fouine était en fait un chat !
La photo prise avec mon téléphone est malheureusement de très mauvaise qualité. Le chat qui faisait face à un gros chien noir du nom de Volta s’était tout « gonflé » par piloérection (redressement des poils, ce qu’on appelle la « chair de poule » chez l’homme), avait les oreilles plaquées en arrière et le dos voussé. Cette attitude est nommée « bluff » et est fréquente dans les comportements d’agression. Le chat augmente ainsi sa taille et son volume face au danger qu’il perçoit. Mais sans doute avez-vous déjà observé votre chat adopter cette posture.
Darwin l’a bien illustré dans son ouvrage de 1872. « The expression of the emotion in mans and animals. » On voit un chat prêt à agresser alors qu’il est acculé par un chien ! Exactement dans la même posture que Ciboulette !
Je vous rassure immédiatement pour la suite de l’histoire entre Volta et Ciboulette, au bout de quelques semaines, leur relation ressemblait à ceci :
Le comportement d’agression est très courant dans de nombreuses espèces, et il a pour fonction de mettre à distance un autre individu (que cet individu soit de la même espèce ou non), il intervient dans trois contextes principaux : pour protéger une ressource (par exemple une mère qui va protéger ses petits), pour s’emparer d’une ressource (un aliment) ou pour se protéger. Ciboulette a donc ici exprimé un comportement d’agression pour se protéger du chien qu’elle considérait comme une menace.
Il est important de comprendre que le comportement d’agression est toujours graduel et qu’il s’adapte au comportement que va exprimer en retour l’agressé. L’agression fait partie des comportements réactionnels. La menace s’exprime d’abord sous la forme d’un regard fixe associé à une posture rigide. Si en réponse à cette menace, l’autre individu s’en va, alors l’interaction prend fin.
Mais si ce n’est pas le cas, alors l’agresseur manifeste des comportements de plus en plus impressionnants. Ceci peut aboutir à un combat mais en réalité les combats sont exceptionnels. D’ailleurs ici, on peut imaginer que même si Volta n’avait pas ignoré le comportement d’agression car c’est ce qui s’est produit, il n’y aurait pas au combat mais il est probable que Ciboulette se serait sauvée bien vite en cas de poursuite…
Quelles que soient les espèces, il y a des différences individuelles et certains individus peuvent exprimer des comportements agressifs beaucoup plus rapidement et fréquemment que d’autres. On dit alors que ces individus sont agressifs de tempérament et on peut alors parler d’agressivité pour les décrire.
On peut observer des comportements d’attaque dans de nombreuses autres situations, par exemple lors de la prédation. La prédation est un comportement alimentaire, alors qu’on a vu que l’agression est un comportement réactionnel. La prédation fait donc partie des comportements cycliques déclenchés dans ce cas par la faim et qui disparaît après une ingestion d’aliments et les postures que le chat adopte sont totalement différentes de l’agression. Le chat fixe d’abord sa proie du regard puis l’approche de manière la plus discrète possible, le ventre collé au sol. En cas d’approche réussie, il sautera sur sa proie.
Comportement d’agression : comportement fréquent et présent chez de nombreuses espèces, il a pour objectif de mettre à distance un autre individu qui paraît menaçant.
Agressivité : décrit un individu qui a des comportements d’agression fréquents.
Prédation : comportement alimentaire déclenché par la faim.